LYON, 14 MAI 2011 : DIVISION ET RECUPERATION POLITIQUE

Présents à Lyon ce 14 mai 2011, nous nous sommes longuement interrogés :

- Devions nous encaisser les faits sans sciller, dans l'interêt de la cause ?

- Devions nous au contraire dénoncer les faits, dans l'interêt de la cause ?

Décision prise. Nous dénonçons...dans l'interêt de la cause :

14 mai 2011. Lyon. Place des Terreaux. Il est 14H10 lorsqu'une petite délégation de notre association se joint au rassemblement de la gauche visant à dénoncer les exactions de l'extrême-droite locale, par une manifestation dans les rues. Il ne faudra pas plus de 30 mètres pour que plusieurs inconnus nous abordent. Deux nous parlent, d'autres observent. Ces derniers, venus de Grenoble et issus d'une mouvance anarchiste que nous avons identifiée depuis mais dont nous tairons le nom ici, nous expriment alors un certain nombre de choses, non sans tenter l'intimidation :

- Tout d'abord, la lutte contre l'antifascisme leur appartient, ils SONT les "ANTI-FA" à Grenoble, et personne d'autre ne doit s'y interesser hors de leur mouvement.

- La dénonciation d'Alexandre Gabriac (auteur du salut nazi lors des cantonales et élu à la Région) faite par un de nos membres au micro qui circulait dans la manifestation du 09 avril dernier à Lyon n'a pas lieu d'être. Gabriac est LEUR problème, et personne d'autre ne doit s'en mêler.

- Des photos prises parmi près de 2000 personnes, autant de portables et près de 200 appareils photos le 09 avril permettraient aux militants d'extrême-droite de savoir où ils habitent (on cherche encore comment).

- Ils ne veulent pas de nous à Lyon, et nous préviennent qu'ils ne nous laisseront pas nous joindre à LEUR manifestation, le 28 mai 2011 à Grenoble.

- Mais SURTOUT et c'est en fait la raison de leur intervention : ils n'aiment pas l'indépendance politique de la R.A.F, et lui reprochent de ne pas présenter d'"alternative à l'extrême-droite", c'est à dire dans leur sémantique : de ne pas être anarchistes. Ils nous répèterons plusieurs fois ce que nous recevons depuis déjà quelques semaines par mail : "ON AIME PAS VOTRE TRIP REPUBLICAIN"...

Ni Jean Moulin, ni Nelson Mandela n'étaient anarchistes...

Nous sommes évidemment scandalisés. Non seulement ces individus s'approprient l'espace publique, mais il leur semble également normal de considérer l'anti-fascisme comme une marque déposée par leur mouvement. Pire, ils semblent confondre dans leur propos capitalisme et République. Pire encore, la récupération politique d'une question qui appartient à TOUS est manifeste... et nous conforte au plus haut point dans la nécessité de rassembler TOUTES les personnes indignées par l'inquiétante percée de l'extrême-droite en France et en Europe, au dela des clivages.

L'anti-fascisme ne doit plus être l'objet exclusif de telle ou telle faction, mais la priorité du plus grand nombre ! Un soulèvement de masse doit s'opérer contre l'extrême-droite. Un mouvement qui ne pourrait être combattu par l'ennemi ! La forme la plus puissante de l'anti-fascisme, c'est cela et rien d'autre !

Nous imaginons que ces gens sont contents d'eux : nous n'avons pas tracté, pas crié notre colère contre les identitaires de Lyon, et avons suivi le cortège par l'arrière et à contre-coeur.

Entre division et récupération, l'ennemi a de beaux jours devant lui...

Ce communiqué va évidemment donner lieu à une lettre ouverte de la Présidence de notre association vers les signataires du Collectif 69 de Vigilance contre l'extrême-droite, organisateur de la manifestation, la mouvance dont se réclamaient ces personnes en faisant précisément partie.